Rotterdam, lundi après-midi. Le ciel devient gris, tout comme l'humeur de notre employé de bureau. Il marche les épaules en avant, comme s'il portait encore le poids de cette boîte aux lettres débordante. Ses mains sont enfoncées dans ses poches, car heureusement il n'a pas à y taper des rapports. Il a l'air d'un mort en congé.
Derrière lui, les gratte-ciel s'élèvent comme des géants de verre. Ils se ressemblent tous, comme les jours de travail. On se demande si ce type a autant de rides ou s'il a dormi sous sa machine à café la nuit dernière.
Et puis cette cravate verte - la seule couleur de son existence grise. Les ponts, l'agitation, la ligne d'horizon... tout lui échappe. Seule cette cravate lui rappelle d'où il vient, même s'il ne le sent pas.
Ses pieds tapent les pavés à un rythme régulier. Peut-être rêve-t-il d'une vie d'artiste, ou d'une simple friterie à Zuid.
Une mouette crie au-dessus de sa tête. "Oui, répond-il en fredonnant, tu ne devrais pas être en train de piquer du poisson au marché ? Ici, même les oiseaux ont toujours quelque chose à redire.
C'est ainsi que notre greffier poursuit sa route, pas à pas, sur les pavés de sa ville. Il ne le sait pas, mais derrière ce visage blasé se cache l'âme de Rotterdam. Grossière, brute, et pourtant un peu bleue.
à venir.. En savoir plus…