Cette image obsédante et étrange - brutalement littérale mais terriblement générique - est le dernier tableau de Jean-François Millet, un dernier testament remarquable de l'un des artistes les plus profonds du XIXe siècle. Il s'est inspiré de ses propres expériences de jeunesse en dépeignant le sujet des oiseleurs, qui chassaient la nuit de grandes volées de pigeons en les aveuglant avec des torches, puis en les battant à mort. Dans les années 1870, les peintures de Millet sur la vie rurale étaient parmi les plus célèbres de France. Ses sujets étaient presque tous issus de la paysannerie, au moment même où les campagnes se dépeuplaient sous l'effet de l'immigration vers les nouveaux centres industriels. Mais contrairement à de nombreux autres artistes qui ont travaillé dans la spécialité très populaire de la "peinture paysanne", le grand génie de Millet était sa capacité à lier ses sujets à leur lieu de naissance tout en les élevant à un niveau d'humanité universelle. Une grande partie de son succès reposait sur l'évocation d'un souvenir commun d'un monde rural perdu qui était soit arcadien, soit pathétique, soit une combinaison des deux.
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